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Page:Yver - La Bergerie.djvu/188

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devant Lydie Beaudry-Rogeas, mais son maître ne prit pas son avis et l’entraîna dans un de ses coups d’enthousiasme pour le « pauvre Raphy », aux pieds duquel il aurait voulu voir le monde.

Il ouvrit, avec de grands respects, une porte qui commandait la galerie d’en haut, très éclairée par le vitrage supérieur. Dans un fond de demi-jour où elle recevait de biais un faisceau de lumière crue, enchassée par une haute stalle gothique, comme une moniale hiératique et orgueilleuse, la poitrine à demi-nue retenant à peine les plis d’une tunique de soie noire, sa main très longue et pâle étendue à l’appui de chêne, Lydie Beaudry-Rogeas posait devant Chapenel. Lui peignait sur un siège bas, ayant au pouce une palette chargée de cobalt, de terre de sienne brûlée, de vert véronèse, alourdie par les épaisseurs de blanche céruse, et il s’en écoulait des déliquescences vert pâle que gâchaient les brosses. Qu’avec tout ce vert il ne créât pas sur sa toile une femme cadavérique, c’était miracle. Son portrait, étrange et beau, était peint avec des procédés, des artifices hardis de taches, dont l’ensemble contribuait à la vérité absolue de la couleur ; et les ombres légères de maigreur aux tempes, par contraste avec l’indéfinissable rose ivoirin du front, se teintaient très véridiquement avec du vert. La splendeur glacée des yeux était