Aller au contenu

Page:Yver - La Bergerie.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

acquise par le dessin de l’iris visiblement plat ; la bouche restait inachevée. Chapenel, avec un pinceau de blanc, peignait en remontant des pieds à la gorge un pli de soie noire. L’étoffe chatoyait déjà de reflets roses qui appelaient leurs complémentaires bronzés. L’œuvre portait en soi sa lumière et tous les jeux de la vie. Frédéric eut un frisson d’admiration et de déplaisir. Le talent était une puissance de plus, inconnue jusqu’alors chez cet homme redoutable. Il n’analysa rien ; mais il eut mieux aimé trouver une peinture faible et un portrait mal fait.

« Eh bien ? demanda Beaudry-Rogeas triomphant.

— C’est tout simplement superbe » répondit le jeune homme.

En même temps, il commençait à sentir sur lui, rivés à ses prunelles, les yeux durs, chercheurs et liseurs de pensée de Chapenel, ces yeux méfiants qui admiraient passionnément leur œuvre, et qui redoutaient une compréhension incomplète de ses beautés, de ses adresses, chez Aubépine.

Frédéric alla saluer Lydie. Elle posait toujours impassiblement, sans lassitude, sans efforts, comme une statue. Elle tendit sa main dans un geste épiscopal, sans rien dire. Il crut sentir un mépris de la part de cette indéchiffrable créature et en souffrit. Tout alentour,