Page:Yver - La Bergerie.djvu/192

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Ce qu’il ne savait pas, c’est que Frédéric eût plutôt magnifié, dans sa surprise émerveillée, son œuvre. Le jeune homme voyait déjà les gloires de cette toile, les salons où l’on stationnerait longtemps, le catalogue à la main, devant la belle Lydie, si étrange et magnétique, dans sa pose de sybille ; les enthousiasmes se mêlant pour la femme et pour la peinture, comme c’est d’ordinaire l’heureuse fortune pour les bons portraits ; et l’apothéose que la presse, les critiques d’art, les revues, les potins, les discussions lui feraient ensuite. Et Frédéric, se grisant à la pensée de cette carrière triomphale de l’œuvre, mesurait avec tristesse les joies, à lui défendues, d’être quelqu’un, d’avoir un nom Célèbre que prononcent toutes les bouches, d’occuper tous les cerveaux, d’être envié, fêté, adulé, encensé, désiré. Une idée lui vint qui le fit rougir, sous le regard froid, exclusivement occupé d’art de la jeune femme :

« Je serai fermier. »

Il emporta en lui, de cette visite à l’atelier, l’image capiteuse de Lydie. Une vie désordonnée et fiévreuse commençait pour lui dans les préparatifs du concert. Il y goûtait des joies violentes et amères. Il avait l’illusion d’être pris et roulé dans le grand mouvement, le rouage artistique qui est la vie parisienne. Beaudry-Rogeas, qui estimait avoir dans ce jeune homme, possédant déjà chez son tailleur