Aller au contenu

Page:Yver - La Bergerie.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

anglais six cents francs de dettes inavouées, un secrétaire fort présentable, le chargeait d’une partie de ses courses pour l’organisation de la fête. Frédéric partait quelquefois en fiacre à neuf heures du matin, et rentrait à onze heures du soir les yeux brûlés par les lumières électriques, fatigué des étages montés, des repas pris à la diable dans les restaurants de hasard, des odeurs de parfumerie respirées chez les actrices, de tasses de thé qu’on lui faisait boire chez les femmes, des cigares variés qu’on fumait chez l’un ou chez l’autre. Faisant ici et là l’important, au nom de son patron Beaudry-Rogeas, il récoltait des concours, jouait d’adresse pour effacer les jalousies, les envies entre les exécutants différemment partagés dans le programme. Certaines artistes de second ordre, dont on avait besoin pour la symphonie parisienne de Ménessier, le recevaient le matin, en longs peignoirs rouges, les bigoudis au front et sentant la cuisine, pendant que dans l’alcôve s’entendait la respiration lente et forte d’un homme qui dort. Un jour, il rencontra la harpiste en jaquette et tête nue, dans son escalier, cachant dans un panier vêtu de soie une charge de légumes qu’elle portait, essoufflée, à son cinquième. Il montait derrière elle sans oser lui prendre son fardeau. La première fois qu’il sonna chez Ménessier, c’était à midi. Le jeune compositeur était encore au lit et le