Page:Yver - La Bergerie.djvu/198

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tait quelque plaisir à cause de Ménessier qui s’y trouverait.

« Je me laisserai conduire par le hasard, se disait-il ; si le hasard me fait rencontrer seul : Beaudry-Rogeas, je lui apprendrai ma résolution avant la séance, sinon, je le verrai après. »

Mais le hasard est un mauvais maître quand on s’en remet à lui du soin de vous diriger. Après le dîner, Frédéric rencontra bien son patron seul dans le salon où il était venu attendre les exécutants, alors que Lydie et Chapenel fumaient encore à la salle à manger. Le salon était immense ; le lustre électrique versait une lumière unie et calme en ses moindres recoins ; le silence était propice, Beaudry-Rogeas recueilli, mais Frédéric s’avisa que l’instant presque solennel était bien mal choisi pour occuper de ses propres affaires un homme qui avait en tête tant d’autres choses. Agité, muet, l’écrivain soucieux déplaçait les sièges et les replaçait autour du piano à queue qui s’allongeait plein de mystère et de sonorités endormies ; il consultait sa montre, épiait le roulement des fiacres dans la rue, mettait en évidence ses bibelots riches, disposait des fleurs dans les corbeilles comme l’eût fait une femme à son « jour ». On ne va pas intempestivement, pensait Frédéric, confier son penchant irrésistible pour l’agri-