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Page:Yver - La Bergerie.djvu/199

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culture à un homme auquel l’attente anxieuse de Ménessier donne de la température ! Et très officieux, il allait et venait derrière lui comme son ombre, replaçait avec lui les fauteuils, ôtait après lui sa montre du gilet, s’arrêtait pour écouter les voitures, et soignait le bon goût des jardinières.

Lydie entra, suivie de Chapenel. Le prophète et la sybille ne se quittaient guère, et les petits cigares minuscules fumés ensemble avaient créé entre eux une amitié bizarre qui intriguait Frédéric. Cette sympathie réciproque et visible entre ces deux êtres glacés, habitants de cette sphère froide qu’on nomme la spéculation, n’était d’ailleurs rien moins que sentimentale. On les voyait discuter ensemble les formes de l’art ou la métaphysique, lui, dont les yeux durs, le teint brique en ses joues rasées, s’allumaient ; elle, tranquille et lente, énonçant, de sa voix haute et infiniment douce, ses aphorismes. À quelques formules près, ils s’entendaient toujours. Lydie était matérialiste ; elle se riait bénignement des religions, sans âpreté, sans fiel, et Frédéric n’avait jamais rien connu qui ruinât mieux en lui les derniers désirs mystiques que son scepticisme tolérait encore. Il comparait la piété de Camille à l’intelligence de Mlle Beaudry-Rogeas, Chapenel approuvait toujours ; mais, plus virulent, il surajoutait des apostrophes