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Page:Yver - La Bergerie.djvu/201

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époque ; j’en suis naïvement, bêtement épris.

— Le rôle de Bethsabé est une volupté à chanter, » répondit-elle.

Et retournant une chaise, elle s’assit en face de lui.

— « Connaissez-vous quelque chose de plus poignant, continua-t-elle, que cette phrase de plain-chant du Miserere, traitée en fugue au cinquième acte après avoir servi de leitmotiv aux autres, après avoir été traduite en majeur, mise en chœur, en mélodie, être chantée en lamento par David, la nuit du repentir.

— À ce moment-là, on pleure, dit Frédéric poussé par quelque démon intérieur à faire du sentiment, exprès et par affectation, devant cette impassible fille, comme s’il lui eût dit : Moquez-vous donc de moi, riez, plaisantez ma niaiserie. »

Elle répondit, profondément pensante :

« Oui, on pleure. »

À ce moment, l’arrivée des exécutants commença ; hommes et femmes en toilette de ville, ils emplirent peu à peu le salon de leurs personnes, de leurs instruments, du bruit de leurs voix, du rire féminin, des parfums de théâtre, de l’atmosphère vibrante et excitante que ces gens apportent avec leur présence. Mais c’était vaguement que Frédéric les avait aperçus ; à peine avait-il reconnu et nommé