Page:Yver - La Bergerie.djvu/202

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au passage quelques artistes, Enfermé dans sa causerie avec Lydie, il continuait d’échanger avec elle des sentiments qui se trouvaient, comme par hasard, être communs. Il avait beau vouloir l’exaspérer à force de simplicité, de naïveté, de sensibilité, elle se découvrait toujours sensible, naïve et simple comme lui, Il alla jusqu’à lui dire, pour pousser à bout la belle libre-penseuse :

« Ce qui domine et séduit dans David, c’est la puissance du sens religieux.

— Oui, répondit-elle suavement ; c’est en même temps délicieux et fort ; on devient comme religieux soi-même.

Beaudry-Rogeas et Chapenel, très affairés, allaient et venaient parmi les artistes. On commençait à entendre le raclement des archets, le gloussement des violons qui s’accordent, des envolées musicales discordantes, esquissées discrètement, à fleur de cordes.

« Cela vous ferait-il plaisir d’entendre ce soir l’appel de Bethsabé ? demanda Lydie à Frédéric, très intimement.

— Oh ! madame ! balbutia-t-il en rougissant, je ne pouvais pas vous en prier… mais si vous aviez cette bonté !

— Il n’y a pas de bonté à cela, reprit-elle très simple, je vous le chanterai très volontiers. »

Chapenel venait à eux. C’était la première fois que Frédéric le voyait dans le monde ; il