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Page:Yver - La Bergerie.djvu/203

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y avait grand air. Cet anarchiste de l’art ressemblait à quelqu’un de l’Institut.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » fit-il en interrogeant les deux causeurs bien plus de ses yeux que de sa question. :

Lydie répondit très calme, les yeux levés sur lui :

« Je disais à M. Aubépine que, s’il y pouvait trouver quelque plaisir, je lui chanterais bien volontiers ce soir l’appel de Bethsabé ! »

Il se retourna brusquement, la porte s’ouvrait ; c’était Ménessier qui arrivait, sa haute taille un peu infléchie dans sa redingote cintrée aux basques ballonnées, le pantalon bouffant, à larges carreaux gris, effilé vers la cheville. C’était au fond le plus charmant homme, le plus complaisant, le plus naturel ; ses artistes eurent dans leur groupe un petit frisson de contentement qu’on vit lorsqu’il s’avança ; Beaudry-Rogeas, exultant, vint lui serrer la main si chaleureusement que Lydie murmura entre ses dents :

« Grand Dieu ! mon frère va l’embrasser ! »

Chapenel lui fit à son tour un accueil qui, pour être plus mesuré, n’en avait pas moins de prix. On vint ensuite le présenter à Lydie. Elle fut froide et cérémonieuse, à ce qu’observa Frédéric qui dévorait, dans une passion de curiosité, sa tenue, ses gestes et ses mots.