Page:Yver - La Bergerie.djvu/21

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le non-Être, et l’Être, des comparaisons désobligeantes pour ce dernier état.

Ce soir, il avait fallu cet on ne sait quoi de printanier qui flottait dans l’air, apporté par les rafales tièdes du Sud, ce demi-jour des soirs de carême où les cloches d’église tintent le sermon pendant que, sous le pouvoir de mars, la vie végétale, loin des villes, s’enfle et frémit dans les campagnes ; il avait fallu cet appareil orageux de la nature menaçante, poussant les gens à s’enfermer chez eux dans le bien-être du soir, il avait fallu un rien, l’aperçu rapide d’une lampe derrière la dentelle d’un store baissé, éclairant les gens qui causaient à leur table, la gaieté soudaine d’une salle de café, un grain de poudre de riz à la joue d’une belle fille, une gorgée de bière amère et capiteuse, pour qu’il prit la plume et écrivit ceci :

« Madame,

« Je suis votre neveu, Frédéric Aubépine ; je crois que je suis même marquis, si j’en juge par un parchemin qu’on m’a quelquefois montré, mais que j’ai laissé chez un notaire, trouvant que rien n’est lourd au monde comme un parchemin de ce genre dans une poche aussi légère que la mienne. Je suis actuellement âgé de vingt-deux ans et j’achève ma dernière année de service militaire ici, à la