Page:Yver - La Bergerie.djvu/228

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nation délicieuse qu’une jeune fille l’aimait. Il s’y mélait pour lui de la vanité et de la jouissance de cœur. C’était, au demeurant, un bonheur paisible, tranquille comme l’amour de cette enfant, un bonheur sain, exempt de fièvre, qui, pour la première fois depuis six mois, le laissa recueilli en lui-même. Il s’analysa. Il fit sur son cœur ce qu’on pourrait appeler de l’expérience hypothétique. Il supposa et rêva successivement des alternatives différentes.

« Si je reste, se disait-il, est-ce bien à cause de Beaudry-Rogeas ? S’il me déclarait un jour : « J’écrirai seul Naissance d’Europe, partirais-je ? »

Et la tête entre ses mains, se figurant la scène, vivant tous les sentiments qu’il subirait alors, il dut honnêtement se répondre : « Non, ce n’est pas tant Beaudry-Rogeas qui me retient que Paris lui-même. »

Mais quelle sorte d’attirance était-ce ? Qu’aimait-il tant à Paris ? Le soleil électrique des soirs et des nuits parisiennes, et sa gaîté d’artifice, et son influence de chose falsifiée qui chauffe et épanouit morbidement les maturités cérébrales, singeant et pastichant le grand soleil de la nature ? Était-ce le théâtre, les arts et les artistes, le boulevard ou le salon de Beaudry-Rogeas ? Et il imaginait très lucidement qu’un à un tous ces attraits disparais-