Page:Yver - La Bergerie.djvu/229

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sant, il en resterait un qui les contenait tous, qui les incarnait, qui était l’art et la fièvre, et l’éclat de la gloire, et la vie artificielle, et qui Je possédait assez étroitement pour lui tenir lieu de tous les autres. C’était Lydie.

La glaciale et terrible sirène l’avait acquis. Elle l’avait acheté d’un sourire de ses yeux froids, d’une ostentation savante de son beau corps, d’un appel affectueux, quand ses longues lèvres souples avaient prononcé : « Freddy ! » Il ne vivait plus qu’en elle. Et elle l’avait pris consciemment, dans la mesure même où elle avait voulu. Elle avait dû combiner de se l’attacher, et de se l’attacher par une demi-passion, souffreteuse, dévorante, inassouvie, dont elle jouissait seule, sans nul devoir.

« Pourquoi m’a-t-elle attiré ? se demandait Frédéric qui ressaisissait son sang-froid ; car enfin, je ne me suis pas jeté au-devant d’elle ; elle m’étonnait, me pétrifiait ; j’avais contre elle une antipathie ; je l’aurais facilement crainte ou détestée. Elle est venue à moi la première ; elle m’a enlacé ; elle m’a comme caressé l’âme avec sa voix tendre et coquette. Où voulait-elle en venir ? À l’amour ? Au mien peut-être, car elle… »

Et il récapitulait les petites attentions, Îles sollicitudes aimables, les préférences marquées, les approbations systématiques qu’en