Page:Yver - La Bergerie.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XVI

La fièvre de l’août éclata. Le silence des champs, où le travail de toute l’année s’accomplit sourdement, avec une sorte de mystère, se changea en délire ; de kilomètre en kilomètre, de village en village, se propagea le bruit des moissons ; les trains, chaque matin, versaient dans la campagne tout un exode d’ouvriers, de femmes, d’enfants qui peuplaient les plaines désertes. Et sans les voir, les soirs très calmes, lorsqu’on prêtait une oreille affinée, on pouvait les entendre chanter et rire dans les villages environnants. Le tour vint des fermes de la Bergerie, Bellevue et les Trois-Mares. Le jour qu’on mit la première faulx dans les blés, Frédéric fit venir de chez un fleuriste parisien une botte de lilas blanc ; il y planta un épi et le porta à Camille. Ces premières journées de fiançailles furent un ineffable paradis. Il pénétrait peu à peu la pensée grave, naïve, de cette