Aller au contenu

Page:Yver - La Bergerie.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

enfant, ses désirs de vertu qui lui faisaient une moralité si haute, sa bonté, ses ignorances adorables. Il se sentait aimer, par-dessus tout charme sensuel, une âme. Chapenel aurait bien ri. Il était épris de suavité. Le soir où elle lui dit, un peu sévère et fâchée, après trop de baisers qu’il lui avait donnés — Mlle d’Aubépine lisant son journal : — « Frédéric, vous comprenez bien que si vous m’embrassez comme cela maintenant, ce ne servirait plus à rien de nous marier plus tard », il eut les larmes aux yeux ; il lui prit la main avec toutes sortes de respects ; elle lui parut comme Jamais sacrée et vénérable, et son amour se travaillant, se transformant, en vint à devenir enfantin et naïf comme elle, à lui ressembler.

Pourtant, on le congédia sous le très plausible prétexte qu’il perdait son temps à la Bergerie ; et ce fut M. de Marcy son initiateur, qui proposa de l’héberger pendant ce noviciat agricole qu’il entreprenait. « Vois-tu, mon grand chéri, lui disait tante d’Aubépine, tu deviens gênant ici. Dieu ! qu’un fiancé est doc embarrassant ! Au surplus, tu ne fais œuvre de tes dix doigts, étrange manière d’apprendre à être fermier. Puisque de Marcy t’invite, accepte donc. » Il accepta. Lorsqu’il quitta Camille pour aller demeurer une lieue plus loin, ils se firent des adieux déchirants, en se promettant de se revoir tous les jours ;