Page:Yver - La Bergerie.djvu/259

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« Je vous emmènerai, dit-il à Frédéric ; ces marchés sont pittoresques, et cela me permettra de vous montrer de beaux animaux, peut-être même de vous apprendre quelque chose touchant les bestiaux. »

Le jeune homme se fit de cette excursion un plaisir puéril, comme s’il se fût agi d’un grand voyage ; le cours de sa vie était si uniforme, que cette perspective d’une promenade en voiture, à dix lieues de là, prit un intérêt démesuré. Chaque matin, en se levant, il pensait que la date choisie-approchait de plus en plus. Et il s’en allait, plein de cette idée, visiter le potager où de Marcy lui expliquait la culture des légumes. Tous deux se promenaient à petits pas entre les planches semblables à celles d’un jardin botanique. Il y mûrissait, avec l’automne, des citrouilles rouges et des citrouilles jaunes boursouflées ; les pendeloques lourds et verts des concombres, des tomates écarlates joufflues, à la peau soyeuse tendue, gonflée de jus. Quand il se retrouvait seul, dans sa chambre, Frédéric éprouvait un plaisir troublé à reprendre l’exemplaire de la Revue Noire, et à relire pour la dixième fois l’article qu’il avait écrit sur Ménessier.

La joie enfantine qu’il eut à partir, le matin, en charrette anglaise, avec de Marcy, dépassa le petit chagrin d’être privé de Camille ce jour-