Page:Yver - La Bergerie.djvu/261

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bleues pendantes, il les gonflait, leur faisait par derrière des formes grotesques d’êtres en baudruche. Les filles d’auberges, avec leur coiffe basse normande, qui dissimule le front sous un bandeau de dentelle, les servaient.

Sur le champ de foire, hommes et bêtes fourmillaient. Les maquignons se distinguaient des marchands de bœufs, qui portent un gourdin, par leur fouet qu’ils dressaient en l’air. Frédéric se faufila dans cette masse grouillante où l’on vociférait et disputait. On y faisait, entre les querelles, un esprit spécial de plaisanteries, portant surtout sur le coin où l’on vendait les porcs.

M. de Marcy rencontra celui de ses cousins d’Aigremont qui élevait des chevaux. Frédéric se réjouit d’abord de cette rencontre avec un homme de son monde. Mais M. d’Aigremont ayant été trompé l’an dernier sur l’achat d’une jument, il ne fut pas, de tout le jour, question d’autre chose ; au déjeuner à l’hôtel de Paris, à la promenade, l’après-midi entière, l’éleveur conta les détails de cette duperie, les défauts de la bête, les roueries du maquignon, sa bonne foi personnelle.

Frédéric regardait ces gros hommes lourds des champs, suspendus à la bouche d’un cheval, et l’entraînant rageusement à un trot éperdu pour éprouver ses jarrets, son haleine, les battements de ses flancs et les secrets de son sabot.