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Page:Yver - La Bergerie.djvu/263

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— Mais, reprit Frédéric obsédé, que vous ont-ils dit ? Qu’ont-ils dit de moi, de ma décision de rester ici ?

— Ils n’en sont pas encore consolés. Ah ! vous pouvez vous vanter d’être tenu pour quelqu’un chez ces gens-là ! Qui sait même si ce n’était pas un enlèvement qu’on projetait en venant ici P On ne peut se passer de vous. »

Frédéric haussa les épaules dans un geste incompréhensible.

— Vous les avez gardés quelques instants ? demanda-t-il encore, anxieux de tout savoir, de pouvoir se figurer exactement ce qui s’était passé.

— Je les ai reçus au salon, j’ai parlé de vous, de votre ardeur à connaître l’agriculture ; et la dame m’a demandé si j’étais la sœur de votre fiancée. »

Frédéric rougit et dit :

« Elle est originale, n’est-ce pas, elle ?

— Oh oui ! fit Laure en se pinçant les lèvres, et élégante ! une Parisienne pur sang. »

J’étais heureux, j’étais calme, j’avais arrangé ma vie, tout était bien, pensait Frédéric l’esprit en fièvre ; il a fallu qu’ils viennent jusqu ici troubler la paix si difficilement conquise ; je leur en veux ; oui, je leur en veux ! ne pouvaient-ils pas me laisser tranquille !

Et, par curiosité, il ouvrit la porte du grand salon Louis XV, le salon du vieux