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Page:Yver - La Bergerie.djvu/264

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« chevalier de Marcy », où Laure avait reçu, deux heures plus tôt, Beaudry-Rogeas et Lydie. Lydie avait franchi cette porte, ses jupes avaient traîné ici, ce fauteuil aux pieds pointus, posant de biais sur le tapis, devait être le sien. Et soudain Frédéric respira dans ce salon clos, tendu de perses où flottent et s’attardent longtemps les odeurs, le parfum de Lydie. Il crut sentir ses cheveux d’un noir mouillé, sa robe, tout son passage ; elle apparut en vision devant lui, assise à ce fauteuil où elle avait été ; il vit sa main gantée tenant le manche de l’ombrelle, son chapeau de voyage voilé de gaze blanche, cachant ses yeux, et le long pare-poussière, frissonnant, soyeux, changeant, dans lequel ondulait son corps. Elle avait été ici quelques instants plus tôt ; et il ne l’avait pas vue ! Mais elle avait laissé d’elle cette chose insaisissable, ce rien léger et mystérieux, son parfum : un souffle de verveine mêlé de vanille, qui achevait de s’évanouir dans le vieux salon.

« Elle est venue ! se disait Frédéric, pourquoi ? En quittant le Mont Saint-Michel, comme son train traversait le pays, elle a voulu s’arrêter ici. Elle se souvient donc encore de moi ? Elle pense à moi parfois ? Pourquoi ? Pourquoi ce caprice de me revoir ? »

Et il lui venait une colère d’être parti, d’avoir perdu sa journée dans la foule de ces