Page:Yver - La Bergerie.djvu/275

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en ne laissant, dans le sol ouaté de blanc, que l’empreinte de sa pantoufle.

Le soir, dans la chambre que Beaudry-Rogeas lui avait offerte à l’hôtel, il écrivait : « Ma petite Camille bien-aimée, encore un mois et nous nous reverrons. »

« Freddy, murmura un jour Lydie, comme ils se croisaient dans la galerie, qu’avez-vous contre moi ? Vous m’évitez.

— Je ne vous évite pas, madame, et je voudrais que mon travail me laissât le loisir de vous rechercher au contraire.

— Oh ! fit-elle tristement en hochant la tête, je vois bien que je ne suis plus votre amie. »

Et elle poursuivit son chemin devant lui, si noble et si lente, si inconcevable et réticente, que, tout un moment, le jeune homme fut incapable de juger de sang-froid.

« Vous ne m’avez pas montré, lui dit-elle, une autrefois, la photographie de votre fiancée.

— Remarquez, madame, fit-il avec une ironie mauvaise, que souvent les jeunes gens naïfs et ingénus sont cachottiers. »

Imperceptiblement ses traits se durcirent, puis elle reprit presque aussitôt :

« C’est vrai que vous êtes un fameux enfant ! Montrez-moi donc ce portrait. Je gagerais que vous le portez sur vous, là, dans la poche du cœur. Je l’imagine gentille, cette petite ! »