Page:Yver - La Bergerie.djvu/277

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cet amour que Frédéric, instruit de l’attirante philosophie du mariage, aurait appelé l’amour chrétien, elle l’aurait traité de berquinade. Il eut une espèce de honte de cette honnêteté, comme s’il eut une hésitation à montrer cette fraîche et printanière adolescente, si loin des artificielles beautés parisiennes. Cependant, cet intérêt plein d’émotion que Lydie avait montré pour sa fiancée le toucha. Il se réconcilia avec elle. Ils causèrent ensemble davantage. Beaudry-Rogeas les laissait souvent seuls après le repas du soir. Frédéric, avec une certaine excitation, parlait de la poésie des champs. Lydie alors s’attristait sans répondre. D’autres fois, elle l’entraînait au salon et se mettait au piano. Elle ne chantait jamais. Ses mains habiles jouaient des mélodies tourmentées, aux savants et suaves glissements harmoniques, qui vous mettent l’âme en langueur, et ses yeux cherchaient Frédéric, qui, du fond du salon obscur, la regardait baignée de lumière, entre les deux lampes du piano.

Et Frédéric songeait à cette ovation que Ménessier, Croix-Martin, des peintres, des acteurs, d’autres artistes, hommes et femmes, et même les trois académiciens présents lui avaient faite, au soir du concert, à propos de son article d’étude sur le musicien. Et il rêvait d’écrire autre chose, des impressions agricoles par exemple, qu’il viendrait lire à Lydie, par