Page:Yver - La Bergerie.djvu/28

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incohérents, mais il répondit, aussi froidement qu’il put :

« C’est bon ; merci ; je descends. »

Et il acheva sa toilette, brusque, nerveux, négligeant les détails, boutonnant à droite, au risque de la consigne, sa capote qu’il devait, d’après les règlements, boutonner à gauche pendant cette quinzaine.

Au bas de l’escalier, qu’il dégringola plus qu’il ne le descendit, la dame inconnue l’attendait rigide, tenant d’une main son ombrelle, de l’autre le petit sac. Il s’arrêta devant elle. Elle le dévisagea. Un début de phrase, qu’il n’accentua pas, frémit sur ses lèvres. Elle demanda :

« Frédéric d’Aubépine ? »

En même temps, une complaisance soudaine inonda ses bons et tendres traits ; ses yeux clignèrent ; des larmes y vinrent, rondes et lourdes, de ces larmes des vieilles gens qui s’arrêtent dans les rides et ne coulent pas ; sa lèvre faisait un sourire, disait des choses sourdes, tremblait ; ses bras s’ouvraient tout grands. Frédéric, sans penser, s’y jeta.

« Tante ! » murmura-t-il en serrant de ses deux mains les toutes petites épaules rondes sous le mantelet.

Il avait une famille !