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Page:Yver - La Bergerie.djvu/280

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au sujet de son estomac. Il était encombré de couvertures et de plaids, de flacons pharmaceutiques, de brochures allemandes, et d’un goût nouveau pour la Germanie. Il avait une barbe de deux jours, un teint de brique et des yeux dominateurs qui se préparaient à inculquer à tous ses propres impressions de voyage. Il fut surpris de retrouver ici Frédéric et le lui avoua ; mais il avait tant à dire, de son élocution lente et serrée, que personne n’eut à répondre. L’après-midi, la stupéfiante Lydie demanda pour tout le jour, à son frère, son secrétaire et son coupé. Elle avait, disait-elle, une fantaisie : celle de voir le musée du Luxembourg avec Frédéric. Ils partirent ensemble.

« Mon ami, lui dit-elle délicieusement, nous n’avons plus que peu de jours d’intimité. Employons-les, voulez-vous, à voir ensemble de belles choses, à pénétrer ensemble ce Paris pour lequel vous étiez fait, dont vous vous exilez. Dites, n’ai-je pas une bonne idée ?

« Oh ! Lydie ! » murmura-t-il.

Il était le timide Eginhard ; elle, la splendide princesse de la légende, l’impériale et exquise Imma. Elle l’emportait dans la nuit de neige du Rêve, comme la fille de Charlemagne y conduisait son bien-aimé. Autour d’eux, Paris déployait son grand décor d’opéra. Le Louvre que le soleil couchant teintait, de biais, d’or rose, la Seine dont les ondes allégées se