Page:Yver - La Bergerie.djvu/281

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noyaient l’une l’autre et léchaient les quais, les tours, les clochetons, les flèches d’églises, les théâtres, les arbres des boulevards et leur ramure maigre que frôlaient les omnibus, et de temps à autre, par la trouée d’une rue, la vision du Sacré-Cœur, là-haut, émergeant des brumes bleues avec ses coupoles byzantines, ses dômes rebondis qui se teintaient d’un oranger léger, si estompés, si flous, qu’on aurait dit, sur la butte, une cathédrale de mousseline gonflée de vent. Une dernière fois, Paris étala sa séduction devant l’enfant de son ancienne étoile, et quand il le vit grisé, amolli, inconscient à demi dans le mystère de ce coupé noir qui roulait sans secousse par les rues, il emprunta, pour le ressaisir à jamais, les bras de Lydie…

« Mon Frédéric, écrivait Camille sur son papier gris perle, sans parfum, je sens que je deviens malade sans vous. C’est l’hiver, l’hiver affreux dans mon cœur. J’ai beau me dire que dans dix jours vous serez à Ia veille de revenir, rien ne me console. Que m’importe ce qui m’arrivera d’heureux dans dix jours ! C’est aujourd’hui que je vous voudrais près de moi ; c’est en cette minute même. Devant ce que j’endure de notre séparation, je cherche à me figurer ce que peut être la mort et je n’y parviens pas ; non, mon ami, ce n’est pas possible ; ceux qui s’aiment ne doivent mourir