Page:Yver - La Bergerie.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fuyante créature et Chapenel exerçaient l’un sur l’autre. Sous ses yeux, sans qu’il y pût rien, elle prenait du peintre ses goûts, ses jugements ; il lui dictait jusqu’à la forme de ses robes et de ses chapeaux. Il sut un jour, par sa propre indiscrétion féminine, de quelle manière, poussé à bout, il lui avait confié le secret de sa vie, ce qu’il avait juré de ne dire à personne avant que les temps fussent accomplis ! la forme des architectures à venir : l’ichtyographie, la ligne remplaçant la grecque, le cintre, l’ogive, qui les contenait toutes, empruntée aux formes vives de la nature : la ligne du poisson ; le galbe du poisson, sa courbe, avec, comme ornement, la palme de sa nageoire. Lydie s’émerveillait sous le regard de Frédéric étreint de jalousie, elle jetait de quelques coups de plume, sur le papier, de fantaisistes édifices auxquels s’appliquait avec peine la clef des constructions inédites. Elle disait :

« Quel génie ! »

Et pendant ce temps, la camaraderie avec Beaudry-Rogeas se faisant plus intime, plus fraternelle, Naissance d’Europe s’acheva péniblement. Le livre était indigeste et consciencieux, bourré de documents, compilatoire, inutile et honorable. Il fut signé d’Aubépine en même temps que de Beaudry-Rogeas. Le jeune homme, dans des lettres rares et mornes, expliquait ces choses à Camille. Elle lui répon-