Page:Yver - La Bergerie.djvu/286

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dait inlassablement, en des billets froids, où il voyait à chaque fois, avec un soulagement indicible, le chagrin s’adoucir, l’amour s’éteindre. Il aurait souhaité un éclat, une colère de l’humble petite fille, s’alarmant, s’indignant, reprenant sa liberté sur le fiancé qui l’abandonnait si visiblement. Mais il ne put jamais lire d’elle un mot de reproche ; l’indifférence seule, sans doute, à la fin, lui donnait cette inaltérable sérénité de la femme qui ne peut plus même connaître l’impatience. Et tous ceux de là-bas paraissaient s’entendre, si confiants, si touchants dans leur crédulité, pour accepter l’une après l’autre ses raisons de demeurer ici.

Frédéric, un soir, à bout de lutte, s’en vint à cette demi-amante qui le dominait avec des promesses vaines, et il lui dit, pour provoquer une scène :

« Je crois qu’il est temps que je retourne là-bas, qu’en dites-vous, Lydie ? »

Ils se parlaient toujours bas, où qu’ils fussent, craignant les domestiques, craignant Chapenel, et se cachant de Beaudry-Rogeas.

« Pars si tu veux, si tu préfères vivre là-bas, mais tu n’es qu’un grand enfant.»

Ces mots à peine dits portèrent un coup terrible. Est-ce qu’elle ne le retenait plus, celle qui l’avait si timidement supplié l’an passé P Était-ce donc déjà fini, ce caprice de courti-