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Page:Yver - La Bergerie.djvu/287

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sane qu’elle avait eu pour lui ! Une fureur se mit dans son amour. Il voulut la reconquérir. Il y travailla des semaines. Elle demeurait la même, avec un peu moins d’élan vers lui peut-être, mais inaltérablement douce, féline et tranquille.

Au déjeuner, un matin, Beaudry-Rogeas, pâle, gêné, la voix altérée, lui dit d’un ton extraordinaire, en lui montrant qu’ils se trouvaient en tête-à-tête :

« Ma sœur m’a chargé de l’excuser près de vous, Frédéric ; elle a dû se rendre précipitamment près… près …de ma mère… près d’une amie malade, je veux dire ; elle n’a pu vous faire ses adieux.

— Et nous n’aurons pas non plus Chapenel ? fit le jeune homme en voyant libre la place du peintre.

— Eh ! bien non ; figurez-vous justement. c’est assez drôle, n’est-ce pas ; une coïncidence… Chapenel a dû partir lui aussi pour une affaire personnelle… le même jour…

— Ils ont voyagé ensemble ? demanda Frédéric avec un serrement de jalousie au cœur.

— Non pas… c’est-à-dire que… oui… peut-être… c’est très possible ; je ne suis pas sûr. Je me suis levé fort tard ce matin, j’ai mal compris ce qui s’est passé. »

Ils mangèrent en silence. Frédéric s’affli-