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Page:Yver - La Bergerie.djvu/288

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geait démesurément de ce détail que Lydie fût partie sans lui dire adieu. Comment ! alors que son absence pouvait se prolonger, qu’elle devait s’en aller tristement au chevet de quelque amie très chère, elle le quittait sans le revoir, une minute, même devant témoin ; sans lui serrer la main, sans échanger avec lui un regard ! Il souffrait le martyre pour cet oubli, lui qu’elle avait habitué à souffrir de tant de sortes ! Son amour était devenu de la démence. Il l’avait trop souhaité l’amour fou, clandestin, extravagant, mystérieusement scandaleux et contrecarré, comme il l’avait maintenant. Et il en était dévoré, déchiré et possédé !

« Je ne travaillerai pas avec vous cette après-midi, je suis un peu souffrant, dit Beaudry-Rogeas ; promenez-vous donc si vous le voulez, mon cher ami. »

Il se promena ; mais la vue des passants lui était tellement odieuse qu’il sauta dans un fiacre et se fit ramener à la maison. Désœuvré, il flana dans le hall où, par les journées très chaudes, on trouvait de la fraîcheur. Ensuite, il chercha son patron qui n’était pas à son cabinet de travail. Sa chambre était vide. Cette fuite l’intrigua, l’amusa presque ; il entra dans le salon et à peine aperçut-il par la porte ouverte, au fond du billard, une masse noire affaissée sur une chaise.