Page:Yver - La Bergerie.djvu/289

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« Maître ! » cria-t-il.

Beaudry-Rogeas releva la tête ; son frais visage poupin était inondé de larmes, crispé de douleur.

« Ah ! Frédéric ! fit-il en levant les épaules désespérément.

— Maître ! balbutia le jeune homme avec une angoisse plus prenante.

— Il vaut mieux que je vous dise tout, expliqua-t-il en retenant ses larmes ; vous sauriez d’ailleurs la vérité à un moment ou à un autre ; et puis j’ai confiance en vous ; vous ne nous trahirez pas, Frédéric… Eh ! bien… elle est partie ; Lydie est partie… avec Chapenel ; ils se sont enfuis cette nuit, tous les deux, vous entendez, ensemble. Ils s’aimaient. Ils s’étaient défiés de moi ; ils ne me l’avaient pas dit ! Cette petite Lydie qui était pour moi comme une fille, s’éprendre ici, sous mes yeux, de Raphaël, et me le cacher si soigneusement ! comme si j’avais été son pire ennemi. Hein ! c’est dur, Frédéric. Et lui, Chapenel, que j’avais pris si pauvre, dont j’avais fait la vie car je lui avais fait sa vie, mon cher. On peut se moquer des parvenus, mais tout de même, avec mes millions, j’avais fait un heureux, là ; ma maison était à lui ; ma bourse, mon dévouement, mon amitié, mon luxe, mes relations, il partageait tout ; et il s’en va une nuit… avec ma sœur… Comment me serais-je douté… avec ses théo-