Page:Yver - La Bergerie.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ries… lui qui m’avait enlevé de force cette petite Ejelmar, comme si j’avais été un mineur sous sa tutelle… lui qui défendait l’amour aux autres… Qu’en dites-vous ? Je ne leur en veux pas de s’être aimés. Il paraît que c’est une tendresse surhumaine à qui rien n’a jamais ressemblé. Lydie m’écrit : « Pardonne-nous ; nous ne sommes plus que deux êtres fondus en un seul ; il nous faut l’essor absolu ; l’amour dans la liberté, comme la liberté dans l’amour ; nous nous en allons — personne ne peut nous comprendre — nous cherchons un désert » ; mais je leur en veux de s’être cachés de moi, et de partir ainsi, pour l’unique fantaisie de créer à leur amour du mystère… Ah ! Frédéric, comme le malheur vient vite !

— Oui, le malheur vient des », répétait Frédéric hébété.

Et après avoir articulé, devant le chagrin de Beaudry-Rogeas, quelques mots de politesse, il courut dans sa chambre, étouffant ; il crut mourir.

« Oh ! méchante ! méchante Lydie ! » prononça-t-il, toute réflexion anéantie, comme un enfant qu’une petite camarade aurait fait souffrir.

Et comme il ne voyait plus maintenant aucune raison de vivre, et que cette suffocation des larmes impossibles continuait, il eut un