Page:Yver - La Bergerie.djvu/291

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semblant de joie intérieure à cette pensée : « Je me meurs de douleur ! »

Il ne mourut pas de douleur. Il avait vingt-cinq ans, et cet âge, moins que tout autre, est sujet à de tels accidents ; mais des jours vraiment affreux survinrent pour lui. Beaudry-Rogeas voulut quitter momentanément Paris et se retirer près de sa mère. Son secrétaire n’avait plus raison d’être près de lui. Il dut chercher un emploi. Ménessier promit de s’en occuper, mais par correspondance, parce qu’il était en Angleterre. Croix-Martin lui donna des lettres. Il reprit sa petite chambre au papier bleu, au meuble multicolore, qu’il payait trente francs par mois, et il y vécut de la vie la plus triste, la plus déçue, pensant à ce qui eût pu être, et qui ne serait plus. Il cessa, par fierté, d’écrire à Parisy.

Un matin, comme il achevait de s’habiller, une servante de l’hôtel l’avertit qu’une personne demandait à lui parler. Il postulait pour plusieurs situations subalternes ; il pensa que la visite concernait l’une d’elles, et se réjouit. On introduisit une robe noire, un chapeau voilé de tulle épais ; il laissa la porte se refermer et balbutia attéré :

« Camille ! »

Elle était très rouge et embarrassée.

« Je suis venue à Paris pour vous voir, Frédéric, dit-elle ; personne ne le sait ; je suis