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Page:Yver - La Bergerie.djvu/292

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venue pour cette seule raison. Mme de Chanterose ayant proposé de m’emmener avec elle pour me distraire, j’ai accepté, j’ai accepté pour me distraire en apparence, mais dans le seul but de vous revoir pour vous dire ce que j’ai à vous dire. Vous comprenez ! »

Il fit signe que oui, son cœur se tordait.

« Nous avons été fiancés ; il y a eu une promesse entre nous, mais d’un consentement mutuel, nous pouvons nous délier l’un de l’autre, je crois, n’est-ce pas, même en morale. Je vois que je vous étonne un peu, parce que vous étiez habitué à me considérer comme une petite fille, mais j’ai beaucoup vieilli depuis quelque temps, j’ai comme plongé dans la vie. Nous avons aussi causé, Laure et moi. Enfin j’ai dix-huit ans et je sais des choses que j’ignorais. J’ai une grande estime pour vous, Frédéric ; je sais que si vous vous êtes détaché de moi après m’avoir promis de ne plus me quitter, c’est qu’une raison très forte vous a fait manquer à votre parole. Je pense, je devine, et je suis même sûre que vous aimez une autre personne. Vous auriez voulu sans doute vous unir, et moi je vous en empêche à cause de cette promesse que vous m’avez faite. Vous aviez peut-être promis aussi. Je me suis figuré que c’était une jeune fille pauvre, une petite ouvrière peut-être… Si vous aviez déjà… enfin vous comprenez… je veux dire des choses…