Page:Yver - La Bergerie.djvu/293

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si cela était, je voudrais que vous l’épousiez, surtout si elle est pauvre, qu’elle vous aime et qu’elle ait cru en vous. Je vous rends votre promesse.

— Camille ! Camille ! disait Frédéric les bras tendus, je n’aime personne, personne au monde, que vous, je vous jure.

— Oh ! vous dites cela.

— Je jure.

— Ne jurez pas, Frédéric, vous m’effrayez. Je suis sûre… j’y ai trop pensé… il ne peut pas y avoir autre chose entre nous qu’une autre personne plus aimée que moi. Ne m’expliquez rien, je ne suis pas indiscrète, je ne demande rien, seulement ceci : que vous vous épousiez sans souci de moi, puisque vous vous aimez. Si vous êtes heureux, ce sera mon bonheur.

— Vous ne m’aimez plus ! »

Elle eut un sanglot, serra les lèvres et dit :

« Non…

— Plus un peu, Camille ? rien d’autrefois, rien ?

— Non… Frédéric… rien… d’autrefois. Épousez-la sans crainte. »

Et ses larmes partirent à flots ; elle semblait les retenir de ses deux mains collées à ses yeux ; elle les cachait, les écrasait, et elles ruisselaient. « Ne prenez pas garde, disait-elle, c’est un peu d’émotion, seulement un peu, je ne regrette rien. »