Page:Yver - La Bergerie.djvu/294

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Frédéric se traînait à ses genoux ; il ne savait que dire, il demandait pardon sans préciser de quoi, et il eut l’angoisse qu’elle partît là, sous ses yeux, sans rien entendre de plus, avec ce conseil obstiné d’épouser l’autre. Ah ! l’autre !

« Écoutez-moi, Camille ! écoutez-moi ; je vous jure que je vous aime seule ; mais il s’est passé des choses… chère petite bien-aimée… je ne puis vous raconter… je suis devenu indigne de vous. Allez-vous en ; si l’on vous savait ici ce serait terrible… laissez-moi à mon malheur, je l’ai mérité, oubliez-moi… je ne suis plus digne… »

Elle laissa son rôle, le regarda en face tendrement :

« Oh ! mon Frédéric, plus digne de moi ? Je ne le croirai jamais !

— Si, fit-il ; je n’aime plus, c’est vrai, mais j’ai aimé. Je vous ai été infidèle, Camille ; j’ai souhaité de vous oublier, de n’être plus lié à vous, je suis trop coupable ; abandonnez-moi à votre tour ; punissez-moi ; oubliez-moi ; aimez-en un autre.

— Un autre que vous ! cria-t-elle indignée ; oh ! Frédéric, est-ce que je pourrais !

— Mais vous ne m’aimez plus…

— Si cela ne vous gêne plus que je vous aime, alors… »

Elle ouvrit les bras tous grands, rieuse, ten-