Page:Yver - La Bergerie.djvu/48

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lysie de toutes ses activités vives et frivoles, un engourdissement, une tranquillité, un charme.

« À quoi penses-tu ? lui demanda la vieille fille avec son bon rire.

— À Virgile, » répondit-il, se réveillant. Et il se fit en soi-même des vœux dans le genre de ceux-ci :

« C’est là qu’il faut vivre, j’y vivrai. L’homme est un être agricole. Je serai agriculteur. Quand on a fait le tour de la vie, on voit qu’il faut revenir à la simplicité primitive. Rien ne vaut que d’accorder son existence aux saisons, revivre avec le printemps, prêter la main aux énergies terrestres de mars, jouir de mai comme une plante, couper ses moissons avec l’août, goûter aux fruits en septembre, se navrer l’hiver dans les prairies dévastées, avec la volupté secrète, la certitude du recommencement de tout. Il n’y a que cela : la Terre ! »

Et se sentant le fils de ceux qui avaient possédé celle-ci des siècles durant, il la regardait avec une tendresse vaniteuse, comme un maître.

En retournant à la maison par un chemin d’où les alouettes partaient de terre comme les fusées de la gaieté de juin, Frédéric hasarda :

« Votre petite filleule n’est pas ici aujourd’hui ?

— C’est un sauvageon. Elle a pensé que ta