Page:Yver - La Bergerie.djvu/50

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fois si vite. Ne serait-ce pas charmant ce rôle de jeune oncle, qui le mettrait si bien au point pour surveiller cette curieuse éclosion d’âme…

« Traire les vaches ! ah ! oui ; plonger ses mains et ses bras nus dans la pâtée gluante des volailles, faire sucer son doigt aux petits veaux, voilà ce qui lui agrée ; elle en sait sur le nourrissage des bêtes plus long que toi et moi, soupirait Mlle d’Aubépine. Quand je pense à ce que possèdent aujourd’hui les jeunes filles de son âge en histoire, en géographie…

— Les sciences ? » interrogea-t-il.

À la vérité, quand il avait aimé Fleur de Lys, il s’était fort peu soucié de ses aptitudes en physique ou chimie ; et à cette même heure, si quelque femme lui avait jeté le mystérieux sortilège, il n’aurait pas, avant de lui tendre les bras, fouillé son cerveau ; mais, de sang-froid, il avait sur l’instruction féminine les principes que donne ce qu’on nomme l’esprit moderne.

« Les sciences gémit la bonne tante ; si son professeur avait pu seulement lui faire comprendre ce que c’est ! »

Au déjeuner, Frédéric, ayant en face Mlle d’Aubépine et à sa droite la timide Laure, qui le regardait de ses yeux obliques en rougissant à chaque fois, songeait à tout ce qui, de-