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Page:Yver - La Bergerie.djvu/52

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tible qui me prend. Qu’on doit être heureux :

Ô fortunatos nimium sua si bona norint agricolæ !

— Quoi ?

— Il voulait dire, le poète, que les agricoles possèdent un bonheur caché, et que s’ils savaient savourer ce bonheur, ils seraient suprêmement, divinement heureux. Moi, il me semble que je le saurais. J’ai compris… ce matin en regardant vos belles plaines…

— Tous les d’Aubépine ont soigné la terre, fit-elle songeuse.

— Et maintenant, qui soigne la vôtre, tante ?

— Je l’afferme à Richin, le paysan des Trois-Mares, et à Blondet, celui de Bellevue. Tous les deux me volent, je le sais, et le bien s’en va entre leurs mains. Mais je manque d’autorité. »

Les yeux de Frédéric — ces yeux qu’il avait hérités de la danseuse — s’allumèrent soudain. Il commença : « Si vous v… » et la phrase mourut dans sa gorge, le laissant terrifié de ce qu’il allait dire là. Le souvenir lui était revenu à temps des pénibles détails dont sa naissance avait été assombrie, de cette infamante réprobation familiale qui l’avait atteint le jour où les grands-parents avaient déshérité son père. La Bergerie, qui fût revenue de droit au dernier