Page:Yver - La Bergerie.djvu/53

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des Aubépine, lui était refusée, il le savait bien. Il venait de l’oublier ; il allait dire, sans que sa fierté y pensât : « Voulez-vous que je sois l’homme nécessaire, celui qui reconquerra votre bien sur les mercenaires ? j’en ferai mon œuvre. » Heureusement il avait pu se taire ; n’aurait-on pas cru qu’il cherchait à reprendre, point de force, mais insidieusement et par ruse, le domaine, cette Bergerie où il revenait, non pas en maître, mais en protégé, où on l’accueillait moins qu’on ne le recueillait.

Déjà la bonne tante, toute réjouie, s’écriait :

« Mon grand chéri, vraiment ? est-ce que tu aurais en effet l’idée ?… Oh ! mon Dieu, te voir reprendre la vie des ancêtres… Ton pauvre père s’y était dérobé…

— Chère tante, dit-il en s’efforçant de rire, c’était une plaisanterie ; pardonnez-moi. C’est vrai que devant ce joli paysage, ce matin, j’ai été séduit. Il y avait trop d’alouettes, trop de bleu, trop de vert, trop de lumière, trop d’espace. J’ai été grisé, en Parisien, mais passagèrement, avec le secret espoir de retrouver, après, Paris.

— Alors, ton désir de t’adonner à l’agriculture, de faire valoir toi-même, ce n’était pas sérieux ?

— Comment voulez-vous, tante ! Est-ce que je pourrais ? Non, il me faut Paris.