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Page:Yver - La Bergerie.djvu/54

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— Tout à fait comme ton père le disait, reprit-elle tristement. Ç’aurait été trop beau. Et qu’est-ce que tu veux faire à Paris ? car il va falloir songer bientôt à t’y créer une situation.

— J’ai sept cents francs de rente, murmura le jeune homme en évitant de la regarder en face, parce qu’il sentait une mélancolie invincible le trahir ; c’est peu, mais je travaillerai ; j’entrerai dans un ministère. Mon tuteur est influent.

— Ne me parle pas de ce méchant homme qui t’a laissé souffrir quoiqu’il te connût, lui ! Non ; au moment voulu, j’irai à Paris avec toi, mon enfant ; nous avons là-bas quelques amis de la famille : mon parrain était ministre sous Charles X. Je remuerai ciel et terre ; il faudra bien qu’une porte cède. Pourtant, j’aurais tant voulu te voir rester avec nous ! C’aurait été si gentil ! Pas moyen, dis, mon grand garçon ? »

Frédéric se crispait les mains dans les poches.

« Vivre à la campagne ! non vraiment, tante, je ne pourrai jamais. »

À l’heure du dîner, le soir, Camille n’était pas rentrée ; on se mit à table sans elle. Sa Marraine disait :

« Tu vois quelle sorte d’enfant cela fait. Quelle haute idée des convenances, hein ! »