Page:Yver - La Bergerie.djvu/56

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Soudain, la porte s ouvrit en coup de vent et Camille entra.

Ce n’était qu’une petite fille, rien de plus, bien que les minutes d’attente où Frédéric l’avait imprécisément souhaitée là, à cette place, eussent un peu métamorphosé en belle demoiselle cette gamine. Elle avait une robe courte dont la ceinture dessinait à grand’peine la taille épaisse ; ses cheveux blonds lui pendaient en tresse sur l’épaule, tirés sur le front comme les cheveux châtains de sa sœur, mais il s’en levait une auréole de frisons crêpés au vent, sous lesquels dardait le feu brun et droit de ses yeux.

« Je suis en retard ? fit-elle maussade.

— Et moi, je suis courroucée, mademoiselle, dit la vieille tante, j’ai peine à comprendre que. »

On n’eut pas le temps d’entendre le reste. Camille avait bondi sur elle par derrière et l’étouffant dans ses bras.

« Ma petite marraine chérie, ne me grondez pas devant l’invité, cela me ferait trop de honte.»

Elle pouffait de rire en disant cela. Frédéric sourit aussi, mais tristement. Ce mot d’invité l’avait atteint et lui avait fait mal. C’est vrai qu’il n’était rien autre ici qu’un étranger de passage, auquel on fait fête par bonté — un invité de la Bergerie. — Et tel fut le maléfice secret de ce mot léger dit par une enfant dans