Page:Yver - La Bergerie.djvu/65

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nière fois si notre existence champêtre, laborieuse et productive, ne te séduirait pas. L’on y goûte de grands agréments. Elle est variée, facile et même divertissante, je t’assure, pour ceux qui aiment encore la nature et ses mille représentations. Je me suis toujours plu à la regarder, ainsi que si j’étais au spectacle, comme une pièce en quatre actes. Les actes sont les saisons. Le prélude en est l’hiver qui est fort intéressant si on observe bien son œuvre secrète. Le dénouement c’est l’automne, avec l’accomplissement de toutes les maturités que l’on a préparées. L’acteur, qui joue cette pièce en même temps qu’il la regarde, je veux dire l’agriculteur, jouit alors d’une espèce de triomphe que j’ai discerné plus d’une fois dans les traits des gens d’ici.

« Je te dis ces choses pour te tenter. Je crains fort de ne pas réussir. Il y a, dans la douceur de vivre aux champs, un goût caché qui échappe aux citadins. Si tu n’as pas ce goût, tu ne viendras jamais ; cependant, si tu l’avais, s’il te prenait soudain, alors voici ce que je te proposerais, et qui mettrait fin à nos perplexités te concernant. :

« Depuis que j’ai le bonheur de t’avoir retrouvé, mon grand chéri, j’ai toujours rêvé de te prendre ici, de te garder… Après une initiation qui ne serait pas longue pour ton intelligence, tu tiendrais la tête de tout ; tu diri-