Page:Yver - La Bergerie.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gerais tout, tu ferais entrer à la Bergerie les nouveautés, les progrès que je ne connais pas. Les choses en marcheraient mieux et nous serions ensemble.

« …… Sinon, dès ton service achevé, nous partons pour Paris, et là je suppose qu’on sera bien heureux d’ouvrir toutes les carrières possibles au jeune marquis d’Aubépine. »

« Marquis ! » prononça Frédéric en pinçant la lèvre.

Et de ses doigts noircis par le pelage des légumes, comme il était de corvée de cuisine, il secoua les pans de sa capote dont les replis retenaient un peu de terre.

Cette lettre devait le combler d’amertume. D’abord son orgueil fléchit. Il semble qu’il n’y ait pas de honte à laisser circonvenir, par l’affection, sa fierté. Il était, il est vrai, déshérité de la Bergerie, et on l’invitait encore à venir là où il était né pour être le maître ; mais qu’importait s’il pouvait y vivre en quelque qualité que ce fût ! La race paternelle parlait si fort en lui qu’il eut le sentiment de pouvoir passer sur tout, pour aller reprendre là-bas sa place normale dans la descendance de famille.

Tout à coup la vision de sa mère survint, mi-ballerine, mi-bourgeoise, figure imprécise de grâce et de beauté, les lèvres rouges dans la pâleur lumineuse du visage, les yeux velou-