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Page:Yver - La Bergerie.djvu/73

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La robe de la châtelaine, la soie puce, avec quelque grandeur, cria le long des marches ouatées de tapis. Frédéric venait derrière. Ses cheveux, qu’il portait d’ordinaire longs et onduleux, n’avaient pu encore repousser depuis le dernier coup de la tondeuse militaire ; il était enveloppé d’un long pardessus flottant où il avait l’air maigre et pauvre. En gilet jaune, le valet qui les précédait prenait des façons de grand vizir…

Ils longèrent une galerie à balustres de bois, d’où, en se penchant, on eût pu voir le hall ; une portière se souleva au fond, et, dans l’encadrement, M. Beaudry-Rogeas apparut.

C’était un homme de quarante ans, de très haute taille, cravaté de blanc, portant jusqu’à mi-joue des favoris d’un blond roux et la moustache. Son visage était rond, rose et souriant ; il fut galant avec la vieille dame, camarade avec Frédéric qu’il regardait complaisamment, longuement, le sourire aux lèvres. Tout ce monde se plut réciproquement. — Il dit au jeune homme :

« Quoique la chose doive vous paraître fantasque et singulière, je dois vous avouer que je possède déjà un secrétaire qui est un homme de grande valeur. Depuis trois ans, M. Raphaël Chapenel, critique d’art, peintre, chef d’école à moitié, vit à mes côtés et collabore avec moi ; collabore… mais si peu !… Vous me compre-