Page:Yver - La Bergerie.djvu/74

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nez… Ce rêveur est plus d’une fois dans la journée dans l’incapacité de m’écrire une lettre. Au surplus, c’est un homme de génie ; je respecte trop ses opérations cérébrales pour oser l’en distraire, quand je le trouve à penser. Ainsi, peu à peu, je le vois devenir un compagnon indispensable et inutile à la fois. Je n’aurais jamais eu l’idée de m’en séparer, mais celle-là m’est venue de lui adjoindre un garçon jeune, intelligent et lettré comme vous me paraissez l’être, monsieur. »

Frédéric, déjà sous l’envoûtement du luxe d’en bas, jeta les yeux sur ce cabinet de travail qui acheva de le séduire. Le meuble en était empire, en même temps sobre et princier. Au bureau d’acajou, dont les pieds étaient des colonnes, s’appliquaient les festons impériaux, fins et gonflés, avec l’aigle dorée au milieu. De larges bibliothèques montraient, dans le rouge du bois, des ongles d’or de chimères. Elles étaient bourrées de livres. Il sentait ici l’intellectualité et le talent. Frédéric, qui avait le culte des hommes dont le nom est imprimé, bien que celui de Beaudry-Rogeas ne l’eût pas été tous les jours, répondit avec une dévotion secrète :

« Monsieur, je serai très honoré de mettre mon modeste travail au service de vos travaux. J’espère pouvoir vous alléger, parmi vos intéressantes occupations, de tout le côté fastidieux