Page:Yver - La Bergerie.djvu/75

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et inartistique. Je verrai là d’ailleurs la réalisation d’un rêve…

— Vraiment, monsieur ?

— Oui… je puis bien le dire, j’avais toujours désiré ce dévouement — je crois que ce mot est exact — ce dévouement à un homme de talent dont j’aurais servi les efforts, qui aurait été mon patron au sens vieux et beau du terme, un patron à qui aurait été acquises, spontanément, ma pensée, ma vie cérébrale. ».

M. Beaudry-Rogeas sourit de plaisir ; il trouvait tout cela très littéraire, il dit :

« Vous avez là, monsieur, de votre rôle, une conception charmante et qui me conquiert tout à fait. Vous dépassez mon rêve. Je vous veux dès demain. Vous voyez tous ces feuillets sur ma table de travail, Il y aura là fort à faire pour vous. Ce sont les matériaux d’un roman historique entrepris depuis plusieurs mois. Je l’appellerai : Naissance d’Europe. Je vous raconterai mon sujet. Je compte beaucoup sur vous. »

Cette phrase grisa Frédéric. Beaudry-Rogeas lui parutle grand écrivain de l’époque, entouré comme d’une apothéose, déjà, par la somptuosité de son intérieur. Lorsqu’il l’entendit ensuite parler de toutes les notabilités artistiques et littéraires de l’époque, familièrement, en employant toujours ce terme : « mon bon ami un tel », il eut le pressentiment d’un cercle rare et précieux de raffinés, de génies, de