Page:Yver - La Bergerie.djvu/82

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ressemblante, tant Beaudry-Rogeas avait, par l’œil du peintre Chapenel, vu d’Italiennes renaissance, de ces tableaux sombres que foncèrent tant d’étés et de soleil, de ces visages équivoques de Toscanes, cuivrés par le temps, et leurs yeux noirs aux sourcils pâles, et leurs étoffes en enroulements opulents, où le rouge à chaque siècle s’accentue, quand tout noircit alentour. Et l’histoire s’entrevoyait à travers tant de fresques, tant de colonnes, tant de dômes, tant de loggias, que cette plaquette, éditée aux frais de l’auteur, avait eu son petit succès.

Frédéric s’enthousiasma. La poudre aux yeux que jetait la nouvelle, plus italienne par l’amoncellement des mots nationaux que par la seule pensée de l’auteur, l’éblouit. Son patron revenait vers lui maintenant, habillé d’un veston large d’appartement, peigné, parfumé, les ongles soignés, un nœud de soie noire négligent au cou. Il en fit un demi-dieu. Il était tout pâle d’émotion. Il tendit la brochure.

« C’est beau ! dit-il la voix altérée, je viens de lire un Titien… »

Beaudry-Rogeas sourit.

« Bast ! c’est fignolé avec amour, évidemment ; j’ai eu de grandes joies d’art en écrivant cela ; mais c’est sans importance. Je veux que ma Naissance d’Europe vaille mille fois cela ; et elle les vaudra. »

Frédéric pensait orgueilleusement qu’il