Aller au contenu

Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le mot fin sur un tableau — il dut, dès la chose faite, remonter en hâte à sa grande chambre Louis XIII du second étage pour y cacher ses sanglots. Comment vivrait-il désormais sans Annie ?

Or il advint que si, de retour à Quimper, Hyacinthe s’enfonça dans une opiniâtre mélancolie, son absence laissait au château un « vague à l’âme » comme on disait alors, qui pesait lourdement sur les oisifs de Kerzambuc. Ce garçon avait plu, on ne pouvait le nier. Mais, était-ce un mari pour Annie ? Le père et la mère en devisaient le soir à la chandelle. « Il est charmant, disait la châtelaine. — Mais c’est un fils de tabellion, retournait le châtelain. Il n’y en a pas eu dans la famille que je sache. Et ce sont des gens qui n’ont pas vu tomber une seule tête des leurs à la Révolution ! — Si Annie perdait son rang, nos fils le maintiendraient toujours. — C’est juste, mais il n’y eut jamais de roture dans la famille, même du fait des femmes. Voyez-vous, mon amie, votre fille annoncée dans un salon : « Madame Arbrissel ! » Cela claque sec comme le linge de la lavandière qui sèche au pré. — Reconnaissez qu’il est très honnête homme et fut élevé chez les Pères, comme vos fils. De plus, s’il se fait un grand nom dans les arts, vous ne seriez peut-être pas fâché que votre fille portât ce nom-là ! »

Le procès d’Hyacinthe Arbrissel se poursuivit durant des semaines devant le tribunal familial du château, alimenté des mélancolies d’Annie qui s’ennuyait désormais à Kerzambuc, de quoi les parents s’inquiétaient. On aurait voulu comme un nouvel examen de la question. Mais le vrai