Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parte, empêtré de ses toiles que des commis vinrent cueillir comme des présents sacrés. Dans la boutique même on les déballa. Le portrait d’Annie de Kerzambuc lui parut encore plus frémissant de couleurs dans ce sombre réduit parisien que chez l’encadreur de Quimper. Mais les paysages empruntés à une saison où le rose des bruyères irradie la Bretagne, ce rose chair des masses du premier plan se fondant insensiblement en un violet puissant sous un azur que seuls connaissent les ciels impondérables du Finistère, arrachèrent un cri à ce marchand cupide — et en même temps si passionné amateur.

— Quel avenir j’entrevois pour vous, mon cher Arbrissel !

— Je crains bien de vous décevoir ! dit le Breton.

L’après-midi du même jour, après un déjeuner au restaurant, le vieux marchand de tableaux en macfarlane, et le provincial en haute forme à larges bords, en redingote à fine taille et à basques juponnées, prirent l’omnibus pour le Champ de Mars.

— Vous n’êtes pas, lui disait son manager, sans avoir reçu dans votre Quimper quelques échos touchant M. Édouard Manet, ou M. Claude Monet, ou M. Pissarro — l’École des Batignolles, comme on l’appelle ?

Le jeune provincial se récria d’un petit geste de l’épaule.

— J’ai connu l’an dernier par le « Monde