Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/32

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Illustré » l’Olympia de M. Manet, cette courtisane nue écrasée sous le rapport presque cinglant de la négresse qui apporte des fleurs, et la vibration du chat noir sur le sopha clair…

— Cette fois je vais vous montrer des œuvres encore plus étonnantes et dans leur éclatante réalité !

Le vieil impresario clignait de l’œil vers ce jeune homme émerveillé qu’il travaillait comme les sculpteurs de ses amis leur glaise. Quand ils eurent atteint la grande galerie du Salon, au Champ de Mars, à une heure où le public commençait d’affluer et que Bonassy, de sa canne levée, lui montra une série de toiles assez mal placées mais que signalait l’usage du gris et du noir, il tomba en arrêt, comme un chasseur. C’était La Lola de Valence, la danseuse figée en plein vol, sortant des lourds volants de sa robe évasée comme d’une cloche de dentelles. Puis l’Épisode d’un combat de taureaux à l’instant où la mort du torero dont le corps gît à terre vient de marquer la fin de la lutte. Le sagace metteur en scène qu’était Bonassy demeurait silencieux, suivant du coin de l’œil les réactions de son poulain sidéré, bien loin de les diriger, de les inspirer même. Le garçon avait pâli et ses yeux s’emplissaient de visions qu’on devait respecter : Les Gitanos, Jésus insulté. Enfin il balaya d’un regard cursif l’ensemble de la galerie, revint à ces images éclatantes, marquées parfois d’un noir brutal, où les ombres sont si bleues, les masses si pondérables, les étoffes si souples !

— Ah ! monsieur, murmura-t-il enfin, tout le reste disparaît, il n’y a plus que cela !