Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/35

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III

Six mois après leur mariage, au printemps de 1867, Hyacinthe Arbrissel et Annie étaient venus s’installer à Neuilly dans une blanche villa du xviiie, non loin du château de Madrid, et que M. de Kerzambuc, qui était orléaniste, leur avait achetée pour le seul motif qu’elle flattait ses rêves partisans en lui rappelant Louis-Philippe. Elle était petite mais très dix-huitième avec des cartouches, des encorbellements posés sur de fines consoles, et une terrasse entourée de balustres comme couverture. L’atelier d’Arbrissel, on l’avait obtenu en crevant le mur nord au second étage, et en apposant là un vaste vitrage. C’est dans cet atelier que, les soirs d’été après le travail, et les soirs d’hiver, quand le soleil avait disparu derrière : le mont Valérien, déferlait le flot des amis qu’Arbrissel s’était tantôt faits dans la « Renaissance de la Couleur », comme il appelait lui-même cette grande fête de lumière qui avait saisi à la même heure, en cette atonie bourgeoise du second Empire, tout un groupe d’insurgés. Y venaient Édouard Manet, Alfred