Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/37

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lectualité s’emparait derechef de ces novateurs. Leur grande passion commune, c’était la couleur. Une sorte d’absinthe dont le goût les tourmentait et que, non contents de boire, ils aspiraient à créer eux-mêmes. « En réalité, décrétait Monet, une feuille n’est pas verte, une rose n’est pas rose. Vert et rose sont des illusions fabriquées par notre optique. Si l’on veut sur une toile imiter la nature et capter le charme de ses illusions il faut user de ses procédés mêmes. L’atmosphère ! les rapports ! » Et Hyacinthe se rappelait le mot du vieil encadreur de Quimper : « Comment rendre l’atmosphère ? Mais par les rapports, mon cher enfant ! » Et tous vibraient comme la pythonisse sur le trépied en annonçant un art pictural nouveau.

Cependant le plus haut parleur de ces réunions n’était pas le maître de la maison. La race de laquelle il tenait son génie est amie du silence. Il peignait instinctivement parce que la couleur lui procurait un ravissement. Avec Annie, en leurs voyages ils avaient vu les Frans Hals de Haarlem et les Goyas si sévères de Castille. Les solidités de ces grands êtres avaient comme étayé sa vision, simplement. Cependant, à tous les Salons officiels où il était admis sans discussion, le public se massait en foule devant ses paysages et ses portraits. Ses Biches du Bois de Boulogne avaient été signalées jusqu’en Angleterre, jusqu’à Rome à cause de leur féerique éclairage. Ses levers de soleil dans la baie de Douarnenez restent célèbres à cause de la fluidité rose et bleue de l’atmosphère. Mais son triomphe avait été en 1868 son Marché aux Fleurs sur le